La formation médicale est exigeante partout en Europe, mais la reconnaissance financière, elle, varie drastiquement d’un pays à l’autre. Certains pays européens considèrent déjà les internes comme des professionnels à part entière, bien payés, bien encadrés.
En France, un interne en médecine débute à environ 1 500 € net par mois. En Suisse, c’est plus du triple. Pendant que les internes français enchaînent les gardes pour arrondir leurs fins de mois, leurs confrères allemands touchent un salaire d’ingénieur dès la première année.
Faut-il partir pour mieux gagner sa vie ? Ou le salaire des internes en France est-il suffisant ? Cet article vous propose un tour d’Europe des salaires d’internes, chiffres à l’appui.
1. Comprendre le salaire des internes en médecine en France
Avant de s’intéresser aux autres pays, il est indispensable de comprendre quelle sera votre rémunération et son fonctionnement si vous faîtes votre internat en France. Pas forcément simple à comprendre aux premiers abords, elle est découpée en plusieurs parties.
Le statut d’interne et les « émoluments »
En France, l’internat démarre généralement après la 6ᵉ année d’études, quand l’étudiant devient interne des hôpitaux, avec le statut d’agent public hospitalier. Il perçoit une rémunération de base, appelée émoluments, indexée sur l’ancienneté universitaire :
Les données sont issues de l’ISNI/ISNAR-IMG
À ces montants s’ajoutent plusieurs primes et indemnités destinées à compenser la charge de travail, la sujétion, le logement, le transport, etc.
Les principales primes et compensations
- L’indemnité de sujétion : 435,18 €/mois, versée pendant les 4 premiers semestres (FFI à 2ᵉ année)
- La prime de responsabilité (SASPAS) : 125 €/mois lors de stages autonomes en médecine générale.
- Les avantages naturels (logement, nourriture) : de 336 € à 1 010 € annuels, selon la situation.
- L’indemnité transport (stages > 15 km) : 130 €/mois.
Ces primes représentent un surcroît non négligeable : entre 300 € et 600 €/mois, voire plus selon la configuration logistique.
Les gardes et astreintes : un bon moyen d’avoir un complément de rémunération
Les gardes sont un complément de rémunération significatif. En moyenne, un interne effectue 4 à 6 gardes par mois, ce qui peut ajouter entre 600 et 1 000 € brut par mois à sa fiche de paie.
Depuis la revalorisation de 2022, les montants ont été augmentés. Voici un aperçu :
|
Type de garde |
Montant brut |
|
Garde semaine (nuit) |
156,53 € |
|
Garde week-end / jour férié |
171,24 € |
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Demi-garde semaine |
78,26 € |
|
Demi-garde week-end / férié |
85,62 € |
Certaines spécialités (comme l’anesthésie, les urgences, la réanimation) cumulent davantage de gardes, parfois jusqu’à 10 par mois, notamment en périphérie ou dans les zones sous-dotées.
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2. La rémunération des internes en médecine en Europe
Les rémunérations ne sont absolumment pas les mêmes selon les pays européens. Cette disparité s’explique en partie par trois facteurs clés relativement logiques : la richesse du pays, le coût de la vie, mais aussi le modèle de formation. Cependant, la France est classée bien plus bas que la Belgique ou l’Allemagne malgré un coût de la vie proche.
Voici une comparaison simplifiée des salaires bruts mensuels moyens des internes (à temps plein, 1ʳᵉ ou 2ᵉ année d’internat), selon les données 2023 de la FEMS (Fédération Européenne des Médecins Salariés) et d’enquêtes nationales :
|
Pays |
Salaire mensuel brut (€) |
Remarques |
|
France |
1 617 – 2 375 |
+ gardes importantes |
|
Allemagne |
4 800 – 5 200 |
Contrat salarié classique |
|
Suisse |
6 000 – 7 500 |
Très attractif, mais vie chère |
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Belgique |
2 500 – 3 000 |
Selon spécialité |
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Espagne |
1 200 – 1 800 |
Longues heures de travail |
|
Italie |
1 700 – 2 200 |
Peu de revalorisation récente |
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Pays-Bas |
3 200 – 4 000 |
Formations très encadrées |
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Portugal |
1 200 – 1 600 |
Bas salaires pour haut temps de travail |
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Suède |
4 200 – 4 600 |
Conditions de travail équilibrées |
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Pologne |
900 – 1 400 |
Beaucoup de départs vers l’Ouest |
Les écarts sont énormes. Un interne en Suisse gagne presque 5 fois plus qu’un interne polonais, et 2 à 3 fois plus qu’un interne français. Mais attention : cela ne dit pas tout.
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3. Top 10 des meilleures rémunérations d’internes en Europe
Basé sur la rémunération brute mensuelle et les conditions de travail, voici le classement 2024 des meilleurs pays européens pour les internes :
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Rang |
Pays |
Salaire brut mensuel (€) |
Points forts |
|
1 |
Suisse |
6 000 – 7 500 |
Salaire très élevé, formation rigoureuse |
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2 |
Luxembourg |
5 000 – 6 000 |
Fiscalité favorable, stabilité |
|
3 |
Allemagne |
4 800 – 5 200 |
Salaire net élevé, contrat salarié |
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4 |
Norvège |
4 500 – 5 000 |
Équilibre vie pro/vie perso |
|
5 |
Suède |
4 200 – 4 600 |
Conditions de travail stables |
|
6 |
Danemark |
4 000 – 4 500 |
Bonne qualité de vie |
|
7 |
Pays-Bas |
3 500 – 4 000 |
Bon accompagnement pédagogique |
|
8 |
Irlande |
3 200 – 3 800 |
Revalorisation récente des salaires |
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9 |
Finlande |
3 000 – 3 500 |
Système de santé performant |
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10 |
Belgique |
2 500 – 3 000 |
Centralité et flexibilité du système |
Dans le trio de tête, la Suisse domine de très loin. Toutefois, le coût de la vie dans les pays nordiques ou alpins absorbe une partie de ce revenu. Il reste cependant possible d’avoir une vie de frontalier afin de réduire les coûts.
En revanche, en Allemagne, le rapport salaire/pouvoir d’achat reste très avantageux et il s(agit certainement de l’un des meilleurs pays pour faire son internat.
4. Comment faire son internat dans un autre pays ?
Est-ce possible légalement ?
Oui, mais c’est complexe.
La France reconnaît les diplômes européens via la directive 2005/36/CE, qui facilite la mobilité.
Il faut cependant obtenir l’équivalence de formation (et parfois refaire une partie de l’internat).
Les pays de destination imposent souvent des examens linguistiques et tests de compétences cliniques.
Pourquoi partir ailleurs au final ?
Si l’on a beaucoup parlé des salaires, il existe d’autres avantages qui pourraient vous amener à choisir un autre pays que la France pour votre internat.
- Un salaire plus attractif (voir Allemagne, Suisse, Suède).
- De meilleures conditions de travail : horaires encadrés, moins de gardes, plus d’accompagnement.
- Une expérience internationale valorisée pour la carrière.
- La possibilité de rester après l’internat (notamment en Allemagne ou aux Pays-Bas).
Qu’est ce qui pourrait m’empêcher de partir ?
- La barrière de la langue : exigence souvent stricte (niveau B2 ou C1).
- Les longs délais administratifs pour l’inscription à l’Ordre local.
- La reconnaissance en France parfois laborieuse si retour.
Finalement, vaut t-il mieux partir faire son internat en Europe ?
Finalement, la question de savoir s’il vaut mieux partir faire son internat en Europe dépend largement de ce que l’on recherche dans cette expérience.
Si l’aspect financier est déterminant, certains pays comme la Suisse, l’Allemagne ou le Luxembourg offrent des salaires bien plus élevés que ceux pratiqués en France, et des conditions de travail souvent plus favorables. Cependant, ces pays sont également associés à un coût de la vie plus élevé.
En revanche, d’autres pays européens, comme la Pologne ou le Portugal, offrent des salaires plus faibles, mais à des conditions de vie et de travail différentes. Cela peut sembler un sacrifice financier, mais l’expérience de travail dans un autre pays peut apporter une richesse de formation et un réseau professionnel qui pourraient être bénéfiques à long terme.
La décision dépendra de vos priorités : un salaire élevé, des conditions de travail optimisées, ou bien l’expérience professionnelle et personnelle que peut offrir l’internat dans un autre pays.